Elián González Brotons naît le 6 décembre 1993 dans la ville portuaire de Cárdenas, sur la côte nord de Cuba. En 1999, le jeune garçon de 5 ans est kidnappé par sa mère et son petit ami, Lázaro Munero, pour fuir Cuba en bateau sans la permission de son père, resté sur l’île.
15 passagers quittent alors Cárdenas le 21 novembre 1999. Quelques jours plus tard, le bateau chavire. Sa mère et dix autres personnes se noient, mais Elián survit, dérivant avec trois autres rescapés sur une chambre à air jusqu’aux côtes de la Floride.
Le lendemain, le Service de l’immigration et de la naturalisation le remet sous la garde temporaire de ses grands oncles et de sa cousine, alors que son père exige son retour à Cuba. Seulement quelques jours après son sauvetage, la communauté des exilés de Miami fait du petit garçon un pion politique, utilisant ses images pour le déclarer « un autre enfant victime de Fidel Castro ». Miguel De La Torre, universitaire spécialiste de la religion en Amérique latine, explique alors que les Cubains exilés à Miami voient le jeune Elián non seulement comme un symbole des maux du socialisme cubain, mais également comme un signe annonciateur de la fin du régime castriste. Objet d’une narration théologico-politique, Elián se voit même devenir le protagoniste d’un mythe miraculeux selon lequel des dauphins auraient encerclé la chambre à air pour le protéger des requins et des eaux perfides.
De là, l’engrenage politique se renferme sur le petit garçon : des politiciens locaux affluent à son domicile pour des séances photos, se font porte-parole de la famille et font de la fête de son sixième anniversaire une grande réunion politique.
De l’autre côté du détroit, Fidel Castro exige que le garçon soit rendu à son père et invite des dizaines de milliers de Cubains à manifester à ses côtés. Le Service de l’immigration et de la naturalisation vote alors en faveur des castristes : Elián doit retourner à Cuba d’ici une semaine.
S’ensuit une bataille juridique allant jusqu’au tribunal fédéral. C’est seulement en juin 2000, après des mois de négociations qu’Elián est enlevé à sa famille de Miami et qu’il retrouve son père à Cuba. Ce qui n’était à l’origine qu’une bataille de droit de garde devint alors le pion central d’un échiquier politique entre Cuba et les États-Unis. Considérant Fidel Castro « comme un père », Elián est désormais un emblème castriste, célébré jusque dans un musée à Cárdenas.
Sources :
- https://www.greelane.com/fr/sciences-humaines/histoire-et-culture/elian-gonzalez-4771760
- https://es.wikipedia.org/wiki/Elián_González
- https://www.biography.com/political-figure/elian-gonzalez
Cet article n’engage que son autrice.
Par Eglantine Cami.