Cet article présente un pamphlet – modeste certes- contre un phénomène qui est en train de monter crescendonotamment avec la prépondérance de la présence des réseaux sociaux dans la vie des enfants. Le phénomène d’hypersexualisation – connu de tous mais sous des appellations différentes – présente une réelle menace pour la santé psychologique des enfants et donc a fortiori constitue une menace pour toute la société.
Selon le Rapport parlementaire du 5 mars 2012 de Madame Chantal JOUANNO, ancienne sénatrice de Paris, l’hypersexualisation renvoie à la sexualisation des « expressions postures ou codes vestimentaires, jugés trop précoces » des enfants. Plus spécifiquement, cette notion concerne les pré-pubères, c’est-à-dire ceux moins de 12 ans qui « durant la période de « latence » telle qu’elle est définie par les psychologues, ne sauraient avoir de comportements ou de signaux de disponibilité sexuelle ». Jocelyne Robert, sexologue et auteure, résume le phénomène en question en le qualifiant de « représentation de l’enfant comme une sorte d’adulte sexuel miniature ». Sa définition de l’hypersexualisation met donc en exergue l’idée d’une projection de la sexualité de l’adulte sur l’enfant.
En reprenant l’étude faite par le réseau québécois d’action pour la santé des femmes (RQASF) ce phénomène contribue à l’intériorisation par les enfants des stéréotypes véhiculés par la pornographie. À titre d’exemple, les clips des Girlicious – groupe très connu par les jeunes filles aux États-Unis – reprennent, malheureusement, tous les stéréotypes de la pornographie infantile : ils mettent en scène des jeunes filles à peine majeures, vêtues d’un uniforme d’écolières ultra-court laissant entrevoir leurs sous-vêtements lorsque leurs jupes virevoltent pour finalement faire un striptease jusqu’à ne garder que leurs sous-vêtements et s’adonner à une bataille d’oreiller dans une chambre d’enfant !
Parce qu’ils ont des identités en devenir et qu’ils sont à la recherche de leur personnalité, les enfants sont susceptibles d’être influencés par les représentations des idoles mises en scène dans la société. En s’habillant comme leurs stars préférées, ils recherchent inconsciemment la reconnaissance de leur entourage. D’autant plus, la confiance parent-enfant est susceptible d’être rompue puisque les jeunes filles auront du mal à comprendre le discours moralisateur de ceux-ci à propos de leurs tenues vestimentaires ou de leurs looks puisque l’environnement dans lequel elles évoluent valorise constamment des femmes « hyper sexy ».
L’intrusion précoce de la sexualité entraîne des dégâts psychologiques irréversibles. L’hypersexualisation est indissociable de la banalisation de la pornographie, comme principal mode d’éducation à la sexualité des jeunes. Elle véhicule le stéréotype de la femme/fille passive, définie par son apparence et animée par la sexualité.
Selon l’ancienne sénatrice « Le phénomène de l’hypersexualisation rencontre régulièrement tous les excès lors de l’organisation des concours de mini-miss », ce qui est vrai puisque ce concours repose principalement sur une logique d’apparence, de mise en scène des charmes féminins peu conformes avec toute forme d’éducation à l’égalité et au mérite par l’intelligence.
Certes, les injonctions sont plus fortes pour les filles s’agissant de l’hypersexualisation. Mais il ne faut pas pour autant oublier d’inclure dans ce débat les petits garçons. « Un petit garçon habillé en footballeur, ou dont le caleçon dépasse du baggy trop bas, n’est pas critiqué. Pour autant, ne s’agit-il pas d’une tenue érotisée ? Ces images ne conduisent-elles pas à accentuer l’hypervirilité, autre phénomène intrinsèquement lié à l’hypersexualisation ? La littérature est peu abondante sur ce sujet…
Cet article n’engage que son auteur.
Sandra Bechouel
Source image : La dépêche