Le droit au divorce est un droit durement acquis et qui n’est toujours pas, à l’heure du jour, approuvé par tous et pour tous. Entre acceptation et rejet de ce dernier à travers les multiples régimes qu’a adoptés la France au cours de son Histoire, ce n’est que depuis 1975 que le divorce comme on le connait aujourd’hui existe. Il a depuis connu de nombreuses évolutions, la plus récente datant de 2021.
Depuis les années 90, il y a un bond du nombre de séparations et on compte en moyenne 120 000 divorces par ans en France. Mais si ce droit, fondamental, doit être assuré, il n’est pas sans conséquences. Ce sont notamment les enfants qui en sont les victimes. Avec le divorce, les enfants connaissent une rupture et sont témoins de l’éclatement de leur propre famille. Ils sont fortement affectés par ce dernier, à la fois en ce qui concerne leur mode de vie (baladés de droite à gauche entre les parents, privés de la présence de l’un…) mais aussi leur santé psychologique et morale. Les études montrent effectivement que les enfants dont les parents ont divorcé sont plus susceptibles d’être confrontés à des problèmes à court ou long terme. Mais chaque divorce se passe de sa propre manière et les effets négatifs qui peuvent se ressentir chez ces enfants ne les concernent pas tous et surtout pas de la même manière.
D’un point de vue juridique, l’exercice de l’autorité parentale et la garde des enfants varie en fonction de chaque situation et des parents notamment. Désormais, la parole d’un enfant est écoutée au cours du divorce : sans pour autant lier le juge, son avis est pris en compte et joue dans les paramètres de fixation de la résidence de ce dernier. Au regard de multiples critères tels que l’aptitude des parents, les conditions de vies dans lesquelles ils résident, les sentiments des enfants ou encore les pressions ou violences qui peuvent jouer dans le divorce, le juge peut décider d’une garde alternée, d’une résidence habituelle chez l’un avec droit de visite et d’hébergement chez l’autre ou droit de visite réduit, etc…
Le cadre familial et la stabilité sont des facteurs importants dans le développement d’un enfant. En ce sens, la question de garde de l’enfant chamboule évidemment leur rythme de vie et leur épanouissement. Les conséquences directes chez les enfants se traduisent au travers de multiples émotions : tristesse, peur de l’abandon, culpabilité, colère… Il est commun qu’un enfant ressente alors un fort sentiment de perte, ce qui est difficile à gérer et à comprendre, particulièrement à un jeune âge. À court terme, il a été démontré que le divorce entrainait souvent une perte de concentration et de rendement scolaire. À long terme, on observe plus des cassures entre les liens parents-enfants.
Mais si le divorce entraine généralement des effets négatifs, ce n’est pas inévitable : dans la relation qu’ils mènent avec leurs enfants, les parents peuvent eux-mêmes rendre le divorce plus acceptable. Les études montrent que le bien-être des enfants dans cette situation est surtout affecté par la durée et le degré des hostilités entre les parents, par la qualité de vie que ces derniers leur offrent et la qualité de la relation qui les lie. Si l’enfant ressent de multiples émotions, ces sentiments sont directement influencés par le vécu des parents eux-mêmes et leur propre capacité à gérer la situation de séparation. Bien qu’il soit complexe de réellement savoir ce qu’un enfant pense et ressent, le rôle direct des parents et la communication qu’ils entretiennent ensemble sont fondamentaux, comme beaucoup en attestent. C’est aux parents d’assurer un cadre de vie sain pour un enfant, et il est important que l’enfant comprenne la situation et puisse mettre des mots sur ses émotions. Ils comprennent plus de chose que ce que l’on pense et ont besoin d’une communication ouverte et honnête.
Pendant longtemps, le modèle hétéro-normé et bi-parental de la famille s’est imposé comme le format classique pour en enfant. Ce schéma joue lui aussi sur le ressenti d’un divorce par l’enfant. Ce dernier va se comparer à son entourage et va être impacté par le regard des autres vis-à-vis de sa situation. Mais la société évolue et on voit au-delà de ce modèle. De nos jours, le fait d’élever un enfant seul est mieux accepté qu’autrefois. Les divorces sont nombreux et concernent désormais une grande partie des familles, ce qui oblige inévitablement à remettre en question le bien fondé du mythe d’une figure paternelle et d’une figure maternelle réunies et à réaliser que pour un enfant, le principal repose dans les liens d’affection qu’il reçoit et l’éducation dont il dispose. Le divorce n’est pas une fatalité ; l’enfant a besoin d’amour et de stabilité, ce qui n’est pas intrinsèquement lié au couple parental marié.
Sources:
Cet article n’engage que son auteur.
Alice Garnier