La journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants.
Le 19 novembre dernier a eu lieu la journée mondiale pour la prévention des abus envers les enfants, pensée en synergie avec la journée du 20 novembre célébrant les droits de l’enfant. Cette journée a été lancée en 2000 par la Fondation Sommet Mondial des Femmes (FSMF). Le but est d’alerter sur toutes les formes de maltraitances infantiles, autant les violences physiques, que les violences sexuelles et psychologiques.
Pour cela, la FSMF lance chaque année une grande campagne pendant 19 jours, du 1er novembre au 19 novembre. Chaque volontaire est invité à envoyer une idée de plan d’action ou un programme de prévention à réaliser concrètement au niveau local au côté d’une communauté. Un « kit » est ensuite publié répertoriant 19 thèmes et idées d’actions, puis, parmi eux, les trois actions les plus pertinentes sont sélectionnées et reçoivent une aide financière.
Cette journée de prévention à un retentissement tout particulier en cette période d’épidémie de COVID-19. En effet, le confinement exacerbe la vulnérabilité des enfants et entraine une augmentation considérable des situations de violence. En France, les appels au numéro d’urgence 119 contre les violences infantiles ont augmentés de 89% depuis le début de l’épidémie.
Les violences contre les enfants: quelle réalité sur le terrain?
Les enfants sont exposés à plusieurs formes de maltraitance. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) celle-ci « s’entend de toutes les formes de mauvais traitements physiques et/ ou affectifs, de sévices sexuels, de négligence ou de traitement négligent, ou d’exploitation commerciale ou autre, entraînant un préjudice réel ou potentiel pour la santé de l’enfant, sa survie, son développement ou sa dignité dans le contexte d’une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. »
Au cours de l’année 2019, l’OMS estime jusqu’à 1 milliard le nombre d’enfants touchés par des violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou des négligences à l’échelle mondiale. Plus concrètement, toutes les 7 minutes, un enfant dans le monde est tué par des violences. Parmi ces formes de maltraitance, le travail forcé des enfants est également pris en compte, et il touche 152 millions d’entre eux. Concernant les violences sexuelles, l’ONU considère que, dans le monde, 15 millions d’adolescentes âgées de 15 à 19 ans ont subi des rapports ou autres actes sexuels forcés au cours de leur vie. D’autres formes de violences, tel que les violences émotionnelles, sont plus compliquées à évaluer alors même qu’elles entrent aussi dans le champ des maltraitances. Effectivement les insultes ou les propos dénigrants, les humiliations, les menaces, les intimidations peuvent avoir un réel impact sur la santé mentale d’un enfant.
Il est important que chacun se sente concerné par cette réalité car elle ne touche pas que les pays en voie de développement. En effet, en France les chiffres sont tout aussi effrayants. En 2016, les forces de l’ordre ont recensé 131 infanticides, dont 67 commis dans le cadre intrafamilial. De plus, d’après des données gouvernementale, 1 femme sur 7 et 1 homme sur 25 déclarent avoir subi une forme d’agression sexuelle au moins une fois au cours de leur vie : pour 56 % des femmes et pour 75 % des hommes, cela s’est passé pendant l’enfance.
Toutes ces formes de violences ont de réels impacts physiques et psychologiques sur le développement des enfants concernés, lorsque cela ne va pas jusqu’à la mort prématurée des victimes. Les enfants peuvent développer des troubles de l’attention, une déséquilibre émotionnelle, des problèmes anxieux, de grosses difficultés scolaires ainsi que des difficultés pour s’intégrer dans un milieu professionnel. Toutes ces conséquences néfastes poussent les professionnels de santé à parler de psycho-traumatisme concernant la maltraitance infantile.
Quelles actions sont mises en place pour agir face à cette effrayante réalité?
L’Unicef et l’OMS en collaboration avec 10 organisations internationales ont élaboré un programme intitulé INSPIRE répertoriant sept stratégies pour lutter contre la violence, afin d’aider les pays et les communautés à atteindre la cible 16.2 des ODD. La cible 16.2 fait partie des actions à accomplir afin d’atteindre les objectifs du programme de développement durable élaboré par les Nations Unis à l’horizon 2030. Cette cible vise à réduire le risque de violence dans la vie des enfants et à apporter des réponses efficaces aux victimes. A terme le but est d’éliminer toutes les formes de violence faite aux enfants et de mettre fin à la maltraitance, à l’abandon et à l’exploitation dont ils sont victimes.
En parallèle du programme INSPIRE, l’OMS à également pensé un Plan d’action Mondial afin de renforcer le rôle du système de santé en particulier à l’égard des femmes, et des enfants victimes de violence. Dans ce cadre, l’organisation s’est par exemple engagée à surveiller l’ampleur mondiale et les caractéristiques de la violence à l’encontre des enfants et à aider les pays dans leurs efforts pour documenter et mesurer ce phénomène.
Au niveau national, les pouvoirs publics ont un rôle à jouer dans la prévention contre la violence. Par exemple, en France, un acte violent entrainant la mort attenté sur un mineur de moins de 15ans est condamné à 30 ans de prison. En ce qui concerne les violences sexuelles, le viol est puni de 20 ans de réclusion criminelle lorsque la victime est un enfant de moins de 15 ans ou lorsque l’auteur est un parent, un grand-parent, ou toute autre personne ayant autorité sur la victime. Toutes ces mesures législatives vise à dissuader les bourreaux de passer à l’acte. Il existe également un numéro d’appel gratuit, le 119, permettant aux témoins ou aux victimes de dénoncer des violences.
Par Flora Bigot.
Cet article n’engage que son autrice.