Le 4 avril 1983 naît dans un petit village du Pakistan, à Muridke, Iqbal Masih. Sa famille, endettée, se voit obligée de vendre l’enfant, alors seulement âgé de quatre ans, pour assurer la subsistance des autres membres. Iqbal est vendu pour l’équivalent de 12 dollars américains, de quoi rembourser partiellement les dettes de la famille.
La servitude pour dettes
En effet, ce qu’on appelle “la servitude pour dettes” est une façon alors courante de payer une dette en fournissant directement un travail. Aboutissant au travail forcé, la servitude pour dettes est comprise pour plusieurs conventions internationales et par de nombreux pays comme de l’esclavage moderne.
Ici, c’est le travail d’Iqbal qui sert de remboursement, en déduisant les frais de nourriture et de logement de l’enfant, retenus par l’employeur. Il faut également déduire des amendes infligées en cas de manquement. De fait, la dette n’est donc jamais remboursée et l’enfant reste bien souvent esclave de son employeur : en 6 ans, la dette d’Iqbal est multipliée par 26.
Iqbal est envoyé dans un atelier de tisserand. Il travaille 12 heures par jour, enchaîné à son métier à tisser. Son développement physique est freiné par la malnutrition et la fatigue. Maria, une autre enfant esclave, parvient néanmoins à lui donner quelques heures de répit en lui apprenant à lire et à écrire.
Quitter la servitude
Âgé de 9 ans, Iqbal accompagne ses camarades dans une sortie hors de l’usine. Cette fuite lui sera salvatrice : il rencontre Eshan Ullah Khan, un avocat, qui préside l’association du Front de libération contre le travail forcé des enfants. L’homme l’aide à quitter la servitude.
Du haut de ses 10 ans, Iqbal Masih devient une des figures les plus connues mondialement de la lutte contre l’esclavage moderne. Au cri “N’achetez pas le sang des enfants !”, le jeune garçon bouscule les consciences par ses discours engagés, soutenus par le témoignage de son histoire.
Sous la pression internationale, le gouvernement pakistanais ferme plusieurs dizaines de fabriques de tapis qui réduisaient à l’esclavage des enfants. Cette action libère plus de 3 000 enfants.
Rêvant de justice et de droit, fier de ses victoires, le jeune Iqbal est assassiné pendant une promenade à vélo dans son village. Il n’était âgé que de 12 ans. Si des soupçons pèsent sur une mafia du tapis pakistanaise, les circonstances de son meurtres restent encore troubles.
Son héritage
Iqbal reçut à titre posthume le World’s Children’s Prize for the Rights of the Child.
Son nom devint également le synonyme d’une lutte, en devenant éponyme du prix annuel pour l’éradication du travail des enfants, créé par le Congrès des Etats-Unis en 2009.
Un des plus bels hommages, parmi tous ceux qui lui ont été rendus, serait un film reprenant son histoire sous le titre Iqbal, Non à l’esclavage des enfants, produit par Arte, Red Film Group et la Radiotelevisione Italiana.
Par Eglantine Cami.