Dans le cadre d’une série sur le tour du monde des droits des enfants, notre antenne vous présente aujourd’hui un état des lieux des droits des enfants au Danemark. Bonne lecture !
Situation du Danemark
Le Danemark, avec ses 5,6 millions d’habitants, est régulièrement présenté comme l’un des pays le « plus heureux du monde », en témoigne sa 2ème place au classement du World Happiness Report des Nations Unis en 2020. Avec une espérance de vie établie à 79,2 ans et un des plus hauts revenus nationaux bruts par habitant au monde (60 140 $ en 2018, quand il s’élève à 41 080$ pour la France), la qualité de vie au Danemark est particulièrement louée.
De bonnes conditions pour les enfants danois
Le taux de mortalité infantile y est parmi les plus bas au monde, le pays étant classé 170ème selon l’indicateur TMM5. Cet indice estime la probabilité de décéder entre la naissance et le jour exact du 5ème anniversaire, exprimée pour 1000 naissances vivantes. La mortalité infantile est corrélée aux mesures mises en œuvre par les Etats en matière de vaccination, d’accessibilité aux structures de soins et à l’eau potable, de santé maternelle et de nutrition notamment. Au Danemark, les derniers relevés d’UNICEF en 2012 faisaient état d’une mortalité infantile de 4%.
Ces indicateurs viennent illustrer les bonnes conditions de vie générales offertes aux enfants danois, confortées par les efforts consentis en matière d’éducation. Le Danemark consacre ainsi près de 7% de son PIB à l’éducation, un des taux les plus élevés des pays de l’OCDE.
Le taux de scolarisation à l’école primaire des enfants s’élève à 96%, et à près de 90% pour l’enseignement secondaire. Enfin, les résultats des classements PISA sur les performances en compréhension de l’écrit, mathématiques et sciences sont meilleurs que la moyenne de l’OCDE.
Les ombres au tableau
Mais si le Danemark, souvent mis en avant pour son modèle d’éducation basé sur l’empathie, l’autonomisation et l’estime de soi se distingue par son approche éducative, il n’en reste pas moins plusieurs ombres au tableau. Ainsi, après avoir ouvert ses portes et pris sa part dans l’accueil des réfugiés, le Danemark durcit sa position à l’égard des demandeurs d’asile. Deux objectifs, comme dans plusieurs de pays européens : dissuader les éventuels arrivants, et expulser au plus vite les déboutés du droit d’asile. Et les enfants en font les frais. Placés avec leur famille dans des centres de rétention, ils subissent de plein fouet les conditions de vie difficiles.
Dans un rapport daté de 2018, le médiateur du Folketing (le Parlement danois) s’inquiétait des conditions de vie des enfants vivant dans certains de ces centres de transit qui « compliquent considérablement l’éducation des enfants et limitent leurs possibilités de ddéveloppement naturel et d’épanouissement ». Leur quotidien serait rythmé par « l’inquiétude, la solitude et le désordre ».
La tendance ne semble pas aller vers une inflexion des politiques d’immigration, la plupart des partis danois pesant dans la vie politique du pays, de la droite aux sociaux-démocrates en passant par le centre, s’accordant sur le durcissement des mesures législatives en matière d’immigration.
Ainsi, le nombre de réunifications familiales est désormais limité et l’accent est mis sur le caractère « temporaire » des permis de résidence délivrés par les autorités. Le Commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe notait d’ailleurs dès 2013 la nécessité de « prendre en compte de manière plus systématique l’intérêt supérieur de l’enfant dans le cadre des politiques et des procédures relatives aux migrations et à l’asile », et notait « avec préoccupation » que la législation et les pratiques ne sont pas pleinement compatibles avec la Convention Internationale des droits de l’enfant, ratifiée par le Danemark en 1991. Une ultime illustration de la politique danoise est à trouver dans les propos du porte-parole des sociaux-démocrates pour les questions d’immigration, qui proposait en 2018 de « retirer de force [les enfants présents dans les centres] à la garde de leurs parents et de les placer ».
Amer constat qu’au pays du bonheur et de l’empathie, tous les enfants ne semblent pas y avoir droit.
Par Matthieu Desert.
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