« Le harcèlement scolaire peut être présent partout, dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées. Il peut littéralement miner la vie de nos enfants » déclarait Jean Michel Blanquer en vue d’une amélioration du climat scolaire, fixée comme objectif par le gouvernement alors qu’en 2015 une enquête de la DEPP, estimait à 700 000 élèves les victimes de harcèlement scolaire, chiffre bien plus important d’après les associations.
Tout d’abord, on note que la Convention internationale des droits de l’enfant de New York de 1989, ratifiée par la France, prévoit à l’article 3 alinéa 3 que « les États parties veillent à ce que le fonctionnement des institutions, services et établissements qui ont la charge des enfants et assurent leur protection soit conforme aux normes fixées par les autorités compétentes », ainsi qu’à l’article 28 alinéa 1 que « les États parties reconnaissent le droit de l’enfant à l’éducation ». Les dispositions de ces articles posent ainsi l’école comme un lieu d’accueil structurant des enfants dont l’État doit assurer le bon fonctionnement. Le droit à l’éducation recoupe un droit à la dignité, mais aussi à la sérénité dont est garant l’État. Cela passe par la mise en place de programmes nationaux, de formations adaptées du personnel encadrant et enseignant (…) et ainsi par la lutte des violences à l’école afin de faire des établissements un lieu sécurisé.
En effet, le harcèlement scolaire est une forme de violence reconnue en milieu scolaire, qu’il soit commis au sein ou en dehors des bâtiments de l’établissement. Il est le fait pour un élève ou un groupe d’élèves de faire subir un comportement ou des propos agressifs, violents à un ou plusieurs autres élèves. Le harcèlement scolaire se définit par trois caractéristiques. D’abord la répétition, c’est-à-dire que la violence doit être reproduite, réitérée sur une période de temps rendant la vie de la victime insupportable. Ensuite, il existe un rapport de domination entre l’harceleur et sa victime, c’est-à-dire qu’il y a une prise de pouvoir sur la victime : on oppose ainsi un élève dit plus fort à un élève plus faible, pris pour cible aux vues de ses difficultés. Enfin, dans le harcèlement scolaire, l’intention de nuire est centrale : ce qui est perçu comme un jeu pour les harceleurs est, dès le départ, malveillant ou blessant, c’est-à-dire que l’agresseur a une intention délibérée de blesser. Le harcèlement comprend ainsi plusieurs formes de violence : elle peut être verbale (insultes), non verbale (gestes obscènes), psychologique (humiliations) ou physique. Souvent, le harcèlement scolaire subi par les victimes recoupe plusieurs de ces formes de violences.
De plus, le harcèlement scolaire a de graves conséquences sur les victimes. En effet, comme toute violence subie qui est répétée, imprévue, le harcèlement scolaire constitue d’abord une source de stress et de peur intense au quotidien, qui entrave ensuite l’égo, c’est-à-dire la construction personnelle de l’enfant. Il apparaît ainsi une perte de confiance en soi, de son estime, mais aussi un désinvestissement scolaire s’observant souvent par une baisse des résultats et un fort absentéisme. Le harcèlement scolaire peut aussi mener les enfants à la dépression, à des maladies psychosomatiques… Le professeur en psychologie Dan Olweus, qui s’est consacré à l’étude du harcèlement scolaire, considère qu’un adolescent harcelé à l’école a quatre fois plus de risques d’avoir des idées suicidaires qu’un autre jeune.
Alors que le harcèlement scolaire touche de nombreux élèves et est porteur d’une violence sur le long terme, le silence dans l’enseignement a longtemps demeuré et demeure toujours, notamment par manque de sensibilisation et de formation des personnels encadrants et enseignants, mais aussi des enfants. Ainsi, on dégage deux volets afin de lutter contre le harcèlement scolaire. On a d’une part, la mise en place de campagnes de sensibilisation afin de briser le tabou et l’omerta qu’il existe autour du harcèlement scolaire, comme celle menée en 2017 qui avait pour slogan « le harcèlement pour l’arrêter, il faut en parler ». Il est aussi mis en place des numéros d’écoute comme le 3020 pour venir en aide aux victimes. Cependant ce type d’action est certes importante dans sa dimension éducative, mais doit se coupler d’un encadrement par le droit. En effet, d’autre part, le code pénal reconnaît désormais, à l’article 222-33-3, le harcèlement scolaire comme un délit pénal, depuis la loi promulguée le 3 mars 2022. Les peines encourues dépendent de la gravité des conséquences du harcèlement pour la personne visée, pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime. Il sera aussi possible pour le juge d’imposer le suivi d’un stage de « sensibilisation aux risques liés au harcèlement scolaire . De plus, la loi a créé un nouveau droit : le droit à une scolarité sans harcèlement, déjà été initié par la loi du 29 juillet 2019.
Cet article n’engage que son auteur.
Carmen Roques
Source image: Passeport santé
Source: https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F31985
https://www.marionlamaintendue.com/le-harcelement-scolaire/
https://www.vie-publique.fr/loi/282708-loi-balanant-visant-combattre-le-harcelement-scolaire